jer.me : le blog de Jérôme Bouteiller
Sarko en rupture avec la laïcité
Rencontre avec le scientologue Tom Cruise, écriture d'un livre sur sa "foi", rencontre avec le Pape, toilettage de la loi de 1905 et désormais relativisation de la lutte contre les sectes par sa conseillère, ... Nicolas Sarkozy est clairement en "rupture" avec la laïcité française. Une laïcité qui n'est pourtant une neutralité ou une bienveillance de l'état vis à vis de la religion mais bien une posture critique consistant à cantonner l'expression religieuse dans la sphère privée car toute expression théocratique est potentiellement incompatible avec l'expression démocratique. Une démocratie dont le Président de la République est théoriquement le garant mais dont certains de ses principes fondateurs lui ont sans doute échappé...


8 commentaires

Polisphère

Dimanche 24 Février 2008

Commentaires

1.Posté par Adrien le 24/02/2008 16:28
D'après Wikipedia, (mais c'est pareil pour Universalis), "La laïcité désigne le principe de séparation des pouvoirs politique et administratif de l’État du pouvoir religieux." Rien a voir à voir avec le fait de cantonner la religion dans la sphère privée ou non. L'Eglise indique clairement qu'elle parle de spirituel et non pas d'un quelconque pouvoir temporel. En plus église vient du mot grec ecclesia qui veut dire assemblée. Rien de privé la non plus donc. L'expression de la religion est souvent publique: rassemblements, célébrations, que sais-je encore. C'est vraiment dépassé de considérer qu'il s'agit d'une affaire privée au pretexte que si c'était public ça nous amènerait à une théocratie. Le danger aujourd'hui ne vient pas des églises et des différentes religions mais de leur détournement par les politiques pour justifier leurs combats. Alors qu'on arrête de vouloir obliger les gens qui ont une religion ou foi en quoique ce soit de se cacher au pretexte que ce serait d'ordre privé, car ça pour le coup ca s'appelle une dictature de la pensée, et les antécédents sont connus: il s'agit du nazisme et du communisme.

2.Posté par Jerome le 24/02/2008 16:39
bonjour. je ne suis pas d'accord avec ton analyse. L'eglise catholique française a effectivement abandonné ses ambitions politiques et toute prétention sur une éventuelle vérité scientifique mais elle ne l'a jamais fait spontanément. En outre, il suffit de voyager un peu ou de s'intéresser au discours de fondamentalistes religieux (je ne parle que des religions monothéistes...) pour comprendre que cette tentation théocratique est toujours vivace.

La loi de 1905 est, comme beaucoup de lois de cette époque, un compromis entre conservateurs et progressistes. Mais en séparant l'Eglise et l'Etat, en relativisant les croyances religieuses, (l'Etat ne reconnait aucun culte), c'est bien d'un Etat athé (sans dieu et pas anticlérical) dont nous avons hérité.

Au nom de la liberté de conscience, cet état sans dieu n'interdit toutefois pas les cultes. Mais parce qu'il sait combien le mélange entre religion et politique peut être explosif, ce même Etat doit sans cesse agir de manière préventive en cantonnant activement la religion dans la sphère privée.

Sur ce terrain, Chirac ou Mitterrant ont été assez exemplaires et je regrette que Sarko multiplie les faux pas, en donnant le sentiment que l'Etat doit quitter son rôle critique vis à vis de la religion.

3.Posté par Adrien le 24/02/2008 17:05
Pour moi un Etat n'est qu'une structure, une organisation politique. On ne peut pas personnaliser une organisation en disant qu'elle athée (ou catholique, etc...). Les français de l'époque (début 20ème) on cru bon de distinguer par une loi la séparation de l'Eglise et de l'Etat pour éviter toute confusion dans l'exercice du pouvoir. Mais ce n'est pas pour ça que l'Etat ne reconnait aucun culte, bien au contraire. L'Etat reconnait l'Eglise comme organisation religieuse de même qu'il reconnait la religion la religion de l'Islam en France puisqu'un Conseil de Culte Musulman a même été créé par ses soins. Ça n'est pas cantonner la religion dans une sphère privée de dire que l'Etat n'est pas religieux. Les religions en France sont publiques, ont pignon sur rue, et sont respectées par l'Etat qui les a placé sur un pied d'égalité.

Je ne vois pas pourquoi il faudrait contraindre les gens à ne pas exprimer publiquement leur religion. Quand Sarkozy ecrit dans un bouquin sur sa foi, il le fait en tant qu'homme comme les autres. S'il veut rencontrer Tom Cruise en tant que simple fan, c'est son droit le plus simple (que je sache Cruise n'est pas un criminel interdit de cité en France). Evidement c'est un faux pas politique puisque Tom Cruise est associé à la scientologie qui a été considéré comme une secte par plusieurs rapports (parlementaire entre autre autre) et s'afficher publiquement a ses côtés peut médiatiquement être assimilé à une reconnaissance de ce mouvement.

Enfin dans d'autres Etats, dans la région du Moyen Orient par exemple, des organisations religieuses ont des ambitions théocratiques ou sont déjà au pouvoir, tout en étant reconnu publiquement. Mais ce n'est pas le cas en France, et ça ne permet pas de dire que toutes les organisations religieuses dans tous les pays ont semblables ambitions, et qu'il faudrait donc les interdire et empêcher les gens d'exprimer publiquement ce qu'ils croient. Oui la religion est un phénomène public, et les hommes d'Etat ont tout a fait le droit d'exprimer leurs croyances.

4.Posté par Jerome le 24/02/2008 17:16
une organisation politique comme un Etat peut bien évidemment avoir une pensée religieuse ou non. C'est ce qui distingue une république islamique comme l'Iran d'une république laïque comme la France (qui reste d'ailleurs un exemple assez peu suivi)

Cette république ne reconnait pas les religions (c'est le texte de la loi) mais elle reconnait effectivement leur pratique et l'encadre. (c'est pour cela par exemple que le foulard islamique est interdit ou que nous avons un ministre des Cultes).

Tu as raison de dire que le citoyen Sarko a le droit d'exprimer son opinion personnelle mais en tant que Ministre ou désormais Président, il est également souhaitable qu'il fasse preuve d'une certaine neutralité laïque. cela ne veut pas dire neutralité entre les monothéismes mais bien neutralité entre croyance et non-croyance, cette pratique étant d'ailleurs désormais majoritaire dans notre pays.

Si Sarko persiste, mon avis est qu'il va réveiller les athés militants, anticléricaux et autres bouffe curés, bouffe imams et bouffe rabbins. Pas très malin.

5.Posté par Deeder le 24/02/2008 19:58
La laïcité de la France n'a jamais été qu'un principe brandi bien haut pour cacher la question sous-jacente de l'implication de l'Eglise dans la sphère politique. En fait, comment croire à la laïcité d'un état qui brandit bien haut le principe purement religieux de la "fraternité" dans son sens le plus œcuménique ? La République frnaçaise n'a jamais été laïque et ne le sera pas avant longtemps puisque trop entachée par sa longue histoire chargée de traditions et de concepts purement religieux qui sont ancrés dans nos moeurs depuis bien trop longtemps pour que l'on en prenne même conscience. Qu'on se le dise, l'Etat Français n'est pas laïque mais juste tolérant vis à vis des autres religions qui ne sont pas partie de notre sphère culturelle historique.

6.Posté par Jerome le 24/02/2008 21:57
la république française a effectivement récupéré des concepts chrétiens comme la fraternité ou l'humanisme pour en faire des principes universels. quand à nos racines, elles reposent aussi bien sur les différentes religions monothéistes que sur d'autres influences antiques : gauloises, nordiques, romaines ou grecques

7.Posté par Deeder le 24/02/2008 22:20
Nos racines sont certes plurielles, mais il ne faut pas oublier que la naissance de la Démocratie et de la République s'est faite à une époque ou le catholicisme avait une part très importante au niveau politique mais pas seulement puisque chaque homme cultivé recevait en même temps que son éducation une éducation religieuse. Le déclin des croyances, à plus forte raison des croyances chrétiennes, qui a sévi ces dernières années nous fait tendre de plus en plus vers cette laïcité qui a été si longtemps brandie mais dont nous étions et dont nous sommes encore aujourd'hui bien loin. Les racines de notre République sont avant tout chrétiennes et l'influence religieuse, bien qu'indirecte, est encore très importante dans notre système. Je ne parle pas d'un rôle politique proéminent des hommes d'Eglise, ou de quelque influence visible mais plutôt d'une multitude de principes républicains, politiques ou juridiques qui nous semblent encore aujourd'hui bien naturels et qui n'en ont pas moins une racine religieuse.

Peut-on réellement croire à une volonté d'universalisation de notions religieuses alors même que la volonté affichée du principe de laïcité est de s'en détacher ? Je ne crois pas. Ce sont justement des empreintes culturelles qui témoignent de notre histoire et notre passé proches. Nos racines gauloises, nordiques, romaines ou grecques pour reprendre tes mots sont présente également dans notre sphère culturelle, mais pas de la même manière puisque le temps les a amenuisé d'une part et d'autre part puisqu'elles n'ont pas joué réellement de rôle dans la formation du système politique qui est le notre aujourd'hui puisqu'il ne s'est pas forgé en ces ères.

Cela ne m'empêche pas pour autant d'aimer la Démocratie et notre République, je cherche simplement à relativiser la notion de laïcité telle qu'elle est défendue aujourd'hui par notre système politique. ;-)

8.Posté par Jerome le 24/02/2008 22:28
désolé de te contredire mais l'héritage romain est bien plus important qu'un héritage chrétien, lui même grandement basé sur des traditions religieuses occidentales ou orientales antérieures. La laïcité permet en tout cas de réunir croyants et non croyants et de garder ce qu'il y a de mieux dans ces différentes influences.


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