jer.me : le blog de Jérôme Bouteiller
Le prix de l'impérialisme américain
Cela fait deux ans que je consulte régulièrement le site leap2020.eu et lis son "GlobalEurope Anticipation Bulletin" annonçant la crise systémique que nous sommes en train de traverser.

Ce "laboratoire d'anticipation politique" a tout vu arriver : bulle immobilière, subprimes, faillites bancaires, plongeon de la bourse (25 000 milliards de dollars évaporés selon LeMonde) et ses prévisions pour l'année 2009 sont encore plus pessimistes : Déroute des fonds de pension incapables de payer les retraites des baby boomers américains, effondrement logique du dollar puis cessation de paiement pure et simple du gouvernement américain.

A mes yeux, la cause de ce "11 septembre financier" est le 11 septembre 2001. Depuis cette funeste date, les USA ont engagé, à crédit, une coûteuse "guerre globale contre le terrorisme". Evitant soigneusement de s'attaquer à l'Arabie Saoudite, patrie d'Al Quaida et de Ben Laden, les faucons de Washington ont procédé à un redéploiement massif des boys, essentiellement sur les zones stratégiques : golfe persique, asie centrale, caucase sans oublier un indéfectible soutien à Israël, possible débouché pour les oléoducs du nord de l'Irak.

Malheureusement pour eux, les défaites militaires se sont enchaînées : Echec de la prise de contrôle de l'Irak qui attend patiemment le départ des envahisseurs, Echec de l'allié israélien contre le Hezbollah en 2006, Echec de la prise de contrôle de l'Afghanistan où les talibans regagnent chaque jour du terrain et enfin échec Georgien contre la Russie en 2008 et incroyable démonstration de faiblesse de l'Otan dans le caucase.

Le pire dans cette histoire est qu'à la défaite militaire s'ajoute donc le prix de cette défaite. Jusqu'à présent, les USA n'ont jamais vraiment payé leurs guerres. Financées par l'or français ou anglais en 14/18 puis en 39/45, ils ont fait supporter leur guerre du vietnam par leurs alliés (crise de 1973) et la première guerre du golfe par ces mêmes alliés et l'arabie (crise de 1993). Mais cette fois ci, en dehors de la Chine, personne ne semble prêt à payer pour l'impérialisme américain et Uncle Sam se révèle insolvable.

Pour financer l'effort de guerre, les USA ont fait tourner la machine à billets. Le dollar s'est effondré, obligeant la Fed à réhausser ses taux d'intérêt pour éviter les fuites de capitaux. Mais la hausse des taux a étranglé les ménages les plus fragiles (subprimes), déclenchant ou plutôt révélant l'ampleur des crédits, à tous les niveaux de la société américaine.

A titre personnel, je prends donc acte de la fin de l'empire américain pour 2009 et je me permets même un parallèle avec la fin de l'URSS, il y a tout juste 20 ans, lors de la chute du mur de Berlin. Souvent accusés de tous les mots, les Russes ont accepté leur faillite économique et ont évité toute fuite en avant militaire. Je me demande néanmoins si les USA feront preuve de la même lucidité.

Fragilisés économiquement, les américains disposent encore d'un incroyable potentiel militaire. La grande question est de savoir si le futur président américain, Obama ou peut-être Mac Cain (risque non négligeable d'inégibilité pour Obama) appliquera les recettes du passé. Ne l'oublions pas, ce qui a mis un terme à la crise de 1929 est la seconde guerre mondiale. Or les rivaux ne manquent pas pour les USA. Entre l'Iran, qui travaille d'arrache pied sur son programme nucléaire, l'Europe, qui redécouvre sa puissance politique et les ambitions de l'Inde et surtout de la Chine, les Etats-Unis peuvent s'engager dans une fuite en avant aussi désespérée que dévastatrice.


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Polisphère

Dimanche 26 Octobre 2008