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webziner depuis 1999, blogueur depuis moins longtemps
Depuis le rebranding de Facebook en « Meta » et le succès des crypto-actifs (100 millions de détenteurs dans le monde !), beaucoup de gourous du Net proclament la naissance d’un « Web 3.0 » reposant sur un hypothétique monde virtuel décentralisé et une redéfinition de l’identité en ligne, grâce à la blockchain. Si ces concepts sont intéressants, ils ne suffisent toutefois pas à définir la troisième révolution digitale que nous vivons actuellement.
Avant de parler d’un web 3.0, peut-être faut-il déjà définir ce qu’est le « web 1.0 » : Ce terme, qui signifie « toile » en anglais, est lié à l’expression « World Wide Web » popularisé par Tim Berners-Lee, lorsqu’il publie en Août 1991 plusieurs technologies permettant de concrétiser une toile de documents électroniques, reliés par des liens hypertexte. Avant lui, plusieurs penseurs comme Paul Otlet (livre téléphoté), Vanevar Bush (Memex) Ted Nelson (Xanadu) avaient imaginé une toile documentaire électronique. Mais dans les années 80, le document électronique (SGML) se limite à distinguer le fond de la forme d’un document. Et en 1991, tout change avec ce hack du SGML au profit du HTML, et l’hypertexte devient enfin l’un des protocole de l’internet (HTTP) aux côtés du FTP, de USENET ou du courrier électronique.
Si les années 90 auront ainsi été celles d’un web 1.0, donnant naissance à plusieurs start-up pour « naviguer sur le web » (Netscape, Mozilla) ou indexer le web (Yahoo, Google, …), les années 2000 ont été celles d’un « web 2.0 », marqué par l’émergence de nouvelles technologies simplifiant la publications de contenus par les internautes. Alors que le Web 2.0 des débuts donnait la priorité au texte et notamment aux textes courts avec le phénomène Twitter, le web communautaire est devenu par la suite de plus en plus multimédia avec l’émergence des photos (FlickR, Snapchat, Instagram) mais surtout des vidéos grâce à une nouvelle génération de start-up comme Youtube, Twitch ou plus récemment TikTok.
Si la plupart de ces services du web 2.0 sont nés sur le web, la majorité de leur audience n’est paradoxalement plus sur cet environnement mais en réalité au sein des applications pour smartphones. Avec ses marques Facebook, WhatsApp, Instagram ou Messenger, un groupe comme Meta réalise ainsi plus de 90% de son audience au sein de ses applications natives, et non sur un web ouvert, accessible depuis un navigateur web.
Le « Web 2.0 » n’était déjà plus du web, et la grande révolution des dernières années, c’est bien évidemment la montée en puissance des applications pour smartphones, qui se comptent désormais par millions sur les stores d’Apple et Google, et qui devraient générer une « App Economie » d’environ 200 milliards de dollars cette année. Et à l’instar de ce qui se passe en Asie, beaucoup de marques renoncent d’ailleurs à développer un site web ou même leur propre application native, pour se développer au sein des « super applications » comme WeChat, permettant de couvrir pratiquement l’ensemble de leurs problématiques de user acquisition, de commerce ou de rétention.
Et le metaverse dans tout ça ? Le concept de monde virtuel est apparu il y a 40 ans dans le film Tron de Disney. Et l’expression « Métavers » a elle même plus de 30 ans, depuis le roman Snowcrash de Neil Stephenson. Quant aux premiers mondes virtuels, ils datent des années 90 avec les américains de ActiveWorld, ou les français du Deuxième Monde. Dans les années 2000, Second Life a connu un éphémère succès, notamment en étant le premier « métavers » à proposer une cryptomonnaie, le « Linden dollar ». Pendant la campagne présidentielle de 2007, il y a déjà 15 ans, Ségolène Royale avait même créé une permanence virtuelle dans cet univers, générant un joli buzz médiatique, à défaut d’y attirer les foules d’internautes. Et dès la fin des années 2000, ce sont d’ailleurs les géants du Web 2.0, comme Twitter, mais surtout Facebook, qui ont sonné le glas de cet environnement, au profit de leurs réseaux sociaux.
Alors le web 3.0 serait-il « retour vers le futur » ? Après avoir remplacé Second Life, Facebook (Meta) peut-il ringardiser…. Facebook ? La réalité « virtuelle » reste ironiquement un succès virtuel et les audiences se concentrent sur les applications de Gaming comme Roblox ou Minecraft. Avec 130 millions d’utilisateurs mensuels, Minecraft reste toutefois 20 fois moins fréquenté que Facebook, dont l’audience atteint les 2,94 milliards d’utilisateurs mensuels.
Outre la « VR », la réalité augmentée est prometteuse mais à l’instar du faux départ des Google Glass il y a déjà 10 ans, il faudra sans doute attendre encore quelques années pour bénéficier de lunettes assez puissantes pour transformer notre environnement visuel, aussi efficacement que peut le faire un smartphone. Quand aux crypto-actifs, ils bénéficient effectivement de la plus grande vague de spéculation de l’histoire récente (Plus de 700 milliards pour le bitcoin!), mais restent tributaire de décisions politiques, étonnement laxistes à l’heure où la confiance dans les monnaies fiduciaires historiques s’érode jour après jour.
J’avais déjà abordé ces thèmes dans mon roman « Kubernetes », dans lequel un gamer professionnel décide de « hacker » la démocratie en misant sur ces technologies. Et près de 5 ans après sa publication, je reste fondamentalement persuadé que tout ceci … restera de la science fiction. L’heure est à la fin de la « fin de l’Histoire ». Les monnaies sont une arme. Et je n’imagine pas que Washington, Pékin, Moscou ou Bruxelles renoncent à leur usage au profit d’une crypto-monnaie décentralisée qui échapperait à leur contrôle.
A vrai dire, je ne crois plus aux rêves utopiques d’un web décentralisé et libertaire. Le futur est à une privatisation de l’internet, autour de quelques grandes plates-formes américaines ou chinoises, qui vont nous abreuver de contenus personnalisés grâce à leurs algorithmes d’analyse de nos réactions.
Le futur c’est de vendre notre « temps de cerveau disponible » bien plus efficacement que ne l’ont jamais fait les grandes chaînes de télévision.
Le futur ce sont des videos verticales, qui captent notre attention 2, 3 parfois 4 heures par jour, et sont déjà devenues la « télé des millenials » avec leurs propres codes, leurs propres stars.
Le futur c’est la prison à vie pour Julian Assange, la fin de l’anonymat, la censure ou l’auto-censure de la « foule » dont la « liberté d’expression » est en réalité très encadrée.
Ce futur n’a rien à voir avec le web des débuts. Nous sommes entrés dans le troisième âge de l’internet : celui du pain et des jeux, de Uber Eat et de Fortnite. Et celui qui dit le contraire sera censuré par des robots algorithmes agissant pour imposer le « meilleur des mondes » ... comme disait avec ironie Aldous Huxley.
Avant de parler d’un web 3.0, peut-être faut-il déjà définir ce qu’est le « web 1.0 » : Ce terme, qui signifie « toile » en anglais, est lié à l’expression « World Wide Web » popularisé par Tim Berners-Lee, lorsqu’il publie en Août 1991 plusieurs technologies permettant de concrétiser une toile de documents électroniques, reliés par des liens hypertexte. Avant lui, plusieurs penseurs comme Paul Otlet (livre téléphoté), Vanevar Bush (Memex) Ted Nelson (Xanadu) avaient imaginé une toile documentaire électronique. Mais dans les années 80, le document électronique (SGML) se limite à distinguer le fond de la forme d’un document. Et en 1991, tout change avec ce hack du SGML au profit du HTML, et l’hypertexte devient enfin l’un des protocole de l’internet (HTTP) aux côtés du FTP, de USENET ou du courrier électronique.
Si les années 90 auront ainsi été celles d’un web 1.0, donnant naissance à plusieurs start-up pour « naviguer sur le web » (Netscape, Mozilla) ou indexer le web (Yahoo, Google, …), les années 2000 ont été celles d’un « web 2.0 », marqué par l’émergence de nouvelles technologies simplifiant la publications de contenus par les internautes. Alors que le Web 2.0 des débuts donnait la priorité au texte et notamment aux textes courts avec le phénomène Twitter, le web communautaire est devenu par la suite de plus en plus multimédia avec l’émergence des photos (FlickR, Snapchat, Instagram) mais surtout des vidéos grâce à une nouvelle génération de start-up comme Youtube, Twitch ou plus récemment TikTok.
Si la plupart de ces services du web 2.0 sont nés sur le web, la majorité de leur audience n’est paradoxalement plus sur cet environnement mais en réalité au sein des applications pour smartphones. Avec ses marques Facebook, WhatsApp, Instagram ou Messenger, un groupe comme Meta réalise ainsi plus de 90% de son audience au sein de ses applications natives, et non sur un web ouvert, accessible depuis un navigateur web.
Le « Web 2.0 » n’était déjà plus du web, et la grande révolution des dernières années, c’est bien évidemment la montée en puissance des applications pour smartphones, qui se comptent désormais par millions sur les stores d’Apple et Google, et qui devraient générer une « App Economie » d’environ 200 milliards de dollars cette année. Et à l’instar de ce qui se passe en Asie, beaucoup de marques renoncent d’ailleurs à développer un site web ou même leur propre application native, pour se développer au sein des « super applications » comme WeChat, permettant de couvrir pratiquement l’ensemble de leurs problématiques de user acquisition, de commerce ou de rétention.
Et le metaverse dans tout ça ? Le concept de monde virtuel est apparu il y a 40 ans dans le film Tron de Disney. Et l’expression « Métavers » a elle même plus de 30 ans, depuis le roman Snowcrash de Neil Stephenson. Quant aux premiers mondes virtuels, ils datent des années 90 avec les américains de ActiveWorld, ou les français du Deuxième Monde. Dans les années 2000, Second Life a connu un éphémère succès, notamment en étant le premier « métavers » à proposer une cryptomonnaie, le « Linden dollar ». Pendant la campagne présidentielle de 2007, il y a déjà 15 ans, Ségolène Royale avait même créé une permanence virtuelle dans cet univers, générant un joli buzz médiatique, à défaut d’y attirer les foules d’internautes. Et dès la fin des années 2000, ce sont d’ailleurs les géants du Web 2.0, comme Twitter, mais surtout Facebook, qui ont sonné le glas de cet environnement, au profit de leurs réseaux sociaux.
Alors le web 3.0 serait-il « retour vers le futur » ? Après avoir remplacé Second Life, Facebook (Meta) peut-il ringardiser…. Facebook ? La réalité « virtuelle » reste ironiquement un succès virtuel et les audiences se concentrent sur les applications de Gaming comme Roblox ou Minecraft. Avec 130 millions d’utilisateurs mensuels, Minecraft reste toutefois 20 fois moins fréquenté que Facebook, dont l’audience atteint les 2,94 milliards d’utilisateurs mensuels.
Outre la « VR », la réalité augmentée est prometteuse mais à l’instar du faux départ des Google Glass il y a déjà 10 ans, il faudra sans doute attendre encore quelques années pour bénéficier de lunettes assez puissantes pour transformer notre environnement visuel, aussi efficacement que peut le faire un smartphone. Quand aux crypto-actifs, ils bénéficient effectivement de la plus grande vague de spéculation de l’histoire récente (Plus de 700 milliards pour le bitcoin!), mais restent tributaire de décisions politiques, étonnement laxistes à l’heure où la confiance dans les monnaies fiduciaires historiques s’érode jour après jour.
J’avais déjà abordé ces thèmes dans mon roman « Kubernetes », dans lequel un gamer professionnel décide de « hacker » la démocratie en misant sur ces technologies. Et près de 5 ans après sa publication, je reste fondamentalement persuadé que tout ceci … restera de la science fiction. L’heure est à la fin de la « fin de l’Histoire ». Les monnaies sont une arme. Et je n’imagine pas que Washington, Pékin, Moscou ou Bruxelles renoncent à leur usage au profit d’une crypto-monnaie décentralisée qui échapperait à leur contrôle.
A vrai dire, je ne crois plus aux rêves utopiques d’un web décentralisé et libertaire. Le futur est à une privatisation de l’internet, autour de quelques grandes plates-formes américaines ou chinoises, qui vont nous abreuver de contenus personnalisés grâce à leurs algorithmes d’analyse de nos réactions.
Le futur c’est de vendre notre « temps de cerveau disponible » bien plus efficacement que ne l’ont jamais fait les grandes chaînes de télévision.
Le futur ce sont des videos verticales, qui captent notre attention 2, 3 parfois 4 heures par jour, et sont déjà devenues la « télé des millenials » avec leurs propres codes, leurs propres stars.
Le futur c’est la prison à vie pour Julian Assange, la fin de l’anonymat, la censure ou l’auto-censure de la « foule » dont la « liberté d’expression » est en réalité très encadrée.
Ce futur n’a rien à voir avec le web des débuts. Nous sommes entrés dans le troisième âge de l’internet : celui du pain et des jeux, de Uber Eat et de Fortnite. Et celui qui dit le contraire sera censuré par des robots algorithmes agissant pour imposer le « meilleur des mondes » ... comme disait avec ironie Aldous Huxley.
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Vendredi 29 Avril 2022