jer.me : le blog de Jérôme Bouteiller
Pandora - John William Waterhouse
Pandora - John William Waterhouse
En ce jour de manifestations des milieux conservateurs contre le projet de mariage "pour tous", j'ai décidé de prendre la plume électronique pour m'exprimer sur ce sujet quelque peu polémique. Athé, pacsé et fils de divorcés, je me qualifie volontiers de neutre sur la question et je pense pouvoir écouter aussi bien les arguments d'une droite religieuse que de militants issus de mouvements plus progressistes.

La question de l'égalité des droits..

Commençons d'abord par la question de l'égalité. Car c'est bien souvent au nom de l'égalité qu'on nous propose ce projet de loi. Les hétéros auraient un droit que les homos n'auraient pas : c'est faux. Pour répondre factuellement, je n'ai pas le droit d'épouser un homme et tout homosexuel homme a le droit d'épouser une femme. Nous sommes juridiquement égaux sur ce point. Et le "mariage pour tous" ne constitue pas un alignement des droits d'une minorité sur ceux d'une majorité. C'est un nouveau droit qui permettrait aux homosexuels tout comme aux hétérosexuels d'épouser une personne du même sexe. 

Quitte à frustrer les militants qui réagissent, dans un élan presque pavlovien, quand ils croient déceler une inégalité : nous sommes et nous resterons tous égaux sur cette question.

Epouser celui ou celle qu'on aime ?

Puisqu'on ne peut pas revendiquer l'inégalité, venons en donc au coeur du sujet : Faut il instaurer le droit d'épouser celui ou celle qu'on aime ? Faut il remettre en cause, au nom de l'amour, les nombreuses limitations qui pèsent sur le mariage ? Le consentement de deux êtres suffit il à balayer une institution aussi ancienne et internationale que le mariage ? Les milieux progressistes pensent que oui, j'aurais tendance à m'associer à eux, mais je redoute que cet argument permette d'ouvrir la boite de pandore à d'autres revendications nettement moins progressistes.

Un petit rappel d'abord, il existe de nombreuses limitations au mariage. Au delà de l'obligation d'épouser quelqu'un du sexe opposé, le mariage impose des limitations dans l'âge minimum (18 ans), des limitations sur le nombre (on doit être 2 et non pas 3) et quand bien même on remplirait ces trois critères, il y a des limitations bio-ethiques qui interdisent le mariage entre un frère et une soeur, un père et sa fille ou simplement un cousin et sa cousine.

Quand on aura dit "oui" à la revendication des adultes homosexuels de pouvoir se marier au nom de l'amour, quel argument pourrons nous employer pour interdire à deux adultes de la même famille de se marier ? quel argument pourrons nous employer pour interdire à deux adolescents mineurs de se marier ? Quel argument pourrons nous employer pour interdire à 3 adultes, consentants et  qui s'aiment, de se marier ? aucun...

La boite de pandore

Pour être honnête, je ne suis pas "contre le mariage homosexuel", je pense simplement que cette mesure dépasse très largement les revendications d'une "communauté". On touche à quelque chose d'essentiel, de civilisationnel et il faut vraiment prendre le temps d'en débattre. Cette mesure, aussi généreuse soit elle, risque de permettre à des groupes, aujourd'hui ostracisés, de revendiquer "au nom de l'amour" des configurations familiales que la morale, y compris des millieux les plus progressistes, réprouve. Prenons donc le temps d'en discuter et n'ouvrons pas précipitemment la boite de pandore. Nous pourrions le regretter.


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Polisphère

Samedi 12 Janvier 2013