jer.me : le blog de Jérôme Bouteiller
J.O. : le précédent coréen
La blogosphère commence à s'agiter sur la question d'un éventuel boycott de la cérémonie d'ouverture des J.O. voire le boycottage total de la grande fête du sport, organisée en Juillet prochain à Pekin. L'ami Mry, désormais chez Ogilvy, allume par exemple Heaven, agence de buzz prise au piège de ses revendications "éthiques" et de l'accompagnement de son client Samsung, sponsor des J.O. Pour ma part, même si je réprouve la violence et la répression chinoise au Tibet, je n'ai pas non plus envie de soutenir le régime potentiellement théocratique du Dalaï Lama. La Chine ne lâchera pas le Tibet où se trouvent ses réserves stratégiques en eau douce et où l'ethnie Han est d'ailleurs déjà majoritaire. Certains parleront de génocide culturel. Je trouve le terme excessif en particulier quand on est, comme tous les Français, le fruit de tant de mélanges entre tous les peuples d'Europe. Mon sentiment est qu'il faut voir le verre à moitié plein, constater les immenses progrès effectués ces 20 dernières années par la Chine en matière d'ouverture et comprendre que ce pays est passé du moyen-âge à la modernité en 2 générations. Comme pour Seoul en 1988, je pense que ces J.O seront ceux de l'ouverture de la Chine au monde, de son éveil. Les boycotter ou les saboter serait un affront pour cet empire qui ne ferait qu'aviver les tensions au coeur d'une Eurasie déjà en ébullition.


7 commentaires

Polisphère

Lundi 31 Mars 2008

Commentaires

1.Posté par Julien le 31/03/2008 20:52
Tout est dit.
bravo.

2.Posté par Damdam le 31/03/2008 21:28
Cela dit, je dénonce le titre racoleur et menteur de Emery Doligé, qui travaille dans une annonce concurrente d'heaven (Ogilvy One) : "Heaven soutient les JO en Chine". C'est même diffament quand on y pense. L'invité à l'arrivé de la Flamme Olympique à Paris le gène car on touche a ses "libertés fondamentales". Quand je pense que tout le gratin politique et sportif sera présent, je me dit que ne pouvant analyser la situation, comme tu le fais toi, il préfère taper bêtement sur les autres agences que celle où il travailler.

Nul, bas, débile et encore moins fair-play.

Pour ton analyse sur les JO et la situation au Tibet, je pense la même chose. Tiens, je vais me relire les aventures de Tintin au Tibet, ce sera un bonne chose :-)

3.Posté par Eddddd le 31/03/2008 22:08
C'est fascinant comme on peut remplacer dans le titre et l'article 2008 par 1936, Pekin par Berlin, Han par Allemands.

L'histoire va se répeter puisque la majorité d'entre nous l'a oublié.

4.Posté par Karine Papillaud le 31/03/2008 22:51
Si on pouvait éviter de ramener les nazis sur la place à la première occasion donnée... Notre époque a ses références propres. Nous pouvons donc nous dispenser d' anachroniqmes aussi clichés que regrettables qui ont aussi comme effets secondaires de figer toute possibilité de discussion. Un brin fasciste, non ? ;-):

5.Posté par Jerome le 01/04/2008 00:17
ouip, évitons l'argument des nazis, ça anéantit tout débat et le parallèle ne me semble pas pertinent.

La Chine a fait la moitié du chemin. La question est de savoir si un boycott va les faire accélérer ou, comme je le crains, ralentir leurs envies d'ouverture.

6.Posté par Eddddd le 01/04/2008 03:19
C'est un peu primaire que de prendre le mot "nazi" comme un tabou repoussoir à toute analyse et exemptant de toute argumentation. J'avais d'ailleurs pris la précaution de parler d' "allemands", car en 1936 c'est encore un système porté au pouvoir par le peuple lors d'élections libres et qui n'est pas encore "passé à l'acte".

Comparer la Chine et la Corée sur le plan de l'intégration politique mondiale, cette fameuse "ouverture" - puisque là est la seule polémique, l'intégration économique étant une évidence et même selon certains le début d'un leadership - est un non-sens: petit pays face à ses voisins chinois et japonais dont l'agressivité séculaire à son égard l'a jetté sous protectorat américain pendant plusieurs décennies, la Corée a profité des jeux pour gagner en visibilité commerciale et permettre - volontairement - au peuple de dépasser ses peurs et s'approprier la fierté de la réussite du pays, débridant ainsi la créativité et la consommation. En Chine en revanche, le moteur de la croissance est maintenant intérieur, les investissements jugés par les économistes mondiaux comme trop importants, et le peuple en décalage - c'est un euphémisme - avec son gouvernement.

Un mot sur la théocratie tibétaine et la majorité Han: je n'aime pas beaucoup qu'un peuple décide pour un autre, et encore moins les colonisations à marche forcée, cela me rappelle trop les balkans et le moyen-orient. Voyez comme je suis friand de comparaisons déplacées.

Sur le fond du débat, je ne suis pas pour le boycott des Jeux: c'est lors de leur attribution qu'il fallait se scandaliser et manifester. Penser il y a sept ans qu'une dictature si vaste et puissante deviendrait dans ce laps de temps un lieu adéquat pour célébrer la fraternité des peuples est invraissemblable.
Je n'ai jamais compris l'attribution des jeux de cette année à la Chine, sauf via les sombres histoires de corruption qui ont secoué fortement le CIO sur les dossiers des jeux précédents à Athènes et des suivants à Londres.
Les jeux en Chine, oui ! mais pourquoi si tôt ? C'est comme faire rentrer la Turquie cette année dans la Communauté Européenne: ce serait absurde, alors qu'à terme je suis personnellement pour, contrairement à Jérôme me semble -til !

Les rôles ont déjà changé en fait: c'est l'Occident qui cherche à se faire accepter, qui courtise le nouveau Puissant.
Mais puisque les Jeux ont été attribués il y a sept ans à une Chine qui n'était pas plus tendre qu'aujourd'hui, on ne peut vouloir boycotter les Jeux sans créer un affront grave et montrer notre inconséquence ou, pire, notre inconscience.

Reste à chacun - sportif, officiel, spectateur - d'exprimer individuellement son opinion s'il en a une et s'il croit que sa place lui commande de le faire. Autre polémique sur l'engagement personnel et la visibilité publique. Sujet bien développé par Sartre...

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@Karine: le fait de mettre un smiley ne change guère le ton de ton commentaire, dont la teneur me parait donc s'appliquer parfaitement au tien.
Et les "références propres à une époque" c'est du vent, surtout à 70 ans de différence quand on vit dans un système pycho-sociologique, appellons ça une civilisation, de presque 2 millénaires. L'Histoire ce n'est pas le Temps, Hegel et Marx sont d'intéressantes lectures parmi d'autres pour comprendre un peu cela.

7.Posté par Karine Papillaud le 01/04/2008 10:48
@edddd : je réponds au message qui m'est particulièrement adressé. Pardon de mon manque d'esprit syntaxique, mais je ne comprends pas bien votre première phrase. Quant à votre appréciation sur "le vent", je vous sais gré de votre remarque, vous semblez avoir de bonnes notions à cet égard. Et merci de me renvoyer à mes études. Mon ascendant protestant m'empêche sans doute d' exhiber trop vite mes références. Soyez sans inquiétude, elles sont nombreuses.
J'aurais été sans doute un peu plus conviviale, vous aurais même tutoyé si j'avais su à qui je m'adressais. Dommage de ne pas donner votre adresse de blog ou une façon de vous identifier ! Façon de jouer le jeu. Mais apparemment, chace.un ses règles comme disait... Zweig. A part ça, je ne suis pas en opposition avec certains arguments de votre dernier commentaire.

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